Work Songs & Negro Spirituals

Table des matières

L’histoire Du Jazz tire son origine des Work Songs ainsi que des Negro Spirituals. L’histoire commence avec la traite négrière.

 

Les Afro-Américains sont pour la plupart des descendants d’esclaves noirs déportés sur les bateaux négriers au temps de la traite atlantique.

 

Entre 1619 (premiers Africains en Virginie) et 1808 (abolition de la traite aux Etats-Unis) on estime que plus de 2 millions d’esclaves africains sont déportés dans les colonies d’Amérique du Nord, afin de travailler dans les champs de cotons, de cannes à sucres, ou même dans les plantations de tabac. Cette infamie « cesse » lors de l’abolition de l’esclavage en 1865 après la guerre de sécession. Cependant, de nouvelles lois visant à entraver les nouveaux droits des Afro-Américains font surface : Les lois Jim Craw. Ce n’est seulement qu’en 1964 que le Civil Rights Act voit le jour…

 

C’est ainsi que les Work Songs tout comme les Negro Spirituals naissent de cette période douloureuse.

 

 

Work Songs | Histoire du Jazz

 

Les Work Songs ont vu le jour entre le XVIIe et le XIXe siècle. Les esclaves afro-américains s’accompagnaient de ces « chants de travail » lors de leurs différents travaux. Ces chants proviennent d’une habitude musicale qui existait auparavant en Afrique pendant les tâches agricoles (=> Exportation d’une tradition musicale intimement liée au commerce triangulaire). Ces chants étaient la seule chose qui les raccrochaient à leurs racines, puisqu’à chaque fois qu’un esclave noir arrivait aux États-Unis il était débaptisé de son nom africain, et les différents membres d’une même famille ou même tribu étaient dispersés sur les marchés d’esclaves.

 

Voici les prémices de l’histoire du jazz et des parents du blues ! On apprend que la musique témoigne toujours de contextes qui la dépassent, qu’il s’agisse de faits historiques ou d’espaces géographiques.

 

 

Bénéfice des Work Songs

 

  • Tout d’abord ces chants viennent colorer la monotonie du travail et apaisent l’ennui profond que ressentent les opprimés. Le travail est pénible, douloureux, tant mentalement et physiquement. Les sentiments et les émotions permettent ainsi de comprendre la profondeur de cette musique.
  • Ensuite, les rythmes sont choisis de telle sorte à aider les ouvriers à synchroniser leurs mouvements dans un travail d’équipe et à rendre ce dernier moins pénible. Le rythme est souvent marqué par les outils de travaux ainsi que par les soupirs d’efforts. Leurs outils de travail deviennent donc, in fine, un “instrument de musique”. Cette habitude de “travailler en musique” est encore de nos jours valables. Des études ont été faites sur les bénéfices de travailler en musique. Celle-ci aiderait à réduire le stress, à augmenter les performances sportives, la concentration, mais également à réduire la douleur et de surcroît affecter l’humeur de façon générale. Je vous conseille vivement de faire un tour sur cet article que j’ai trouvé en essayant de me renseigner sur le sujet Comment agit la musique sur notre organisme ?

 

Dans Blanche neiges et les 7 nains, la chanson “Heigh-Ho” fait hommage à cette façon de travailler.

 

En effet, l’expression « Heigh-Ho » est attestée à partir de 1553 et exprime à l’origine la tristesse ou la langueur. De plus, la chanson commence par des bruits de pioches qui viennent ainsi donner le rythme de la chanson. Enfin, tout le long de la musique, le principe de Call and Response (expliqué plus bas dans l’article) est mis en œuvre.

 

 

  • De plus, ces chants ont aussi permis de renforcer un sentiment de confraternité entre les travailleurs. Toutefois, ces sentiments liant les esclaves naissent en premier lieu d’une souffrance partagée.
  • Finalement, c’est un moyen ingénieux trouver par les esclaves afro-américains pour communiquer entre eux => forme de rébellion primaire.

 

 

Forme des Work Songs

 

  • En premier lieu, le Call and Response est habituellement chanté par un soliste et un chœur, où la deuxième phrase est entendue comme un écho direct ou en réponse à la première. Il correspond au modèle d’appel et de réponse de la communication humaine et est considéré comme un élément fondamental de la musique.
  • Cette technique de composition originaire d’Afrique est une des bases du Blues et du Gospel. Alors, s’installe un dialogue permanent entre l’individu et le chœur que l’on retrouvera entre le blues-man et sa guitare, ou encore le soliste et son orchestre. Voici une vidéo expliquant ce qu’est le “Call and Response” concrètement :

 

 

Le Call and Response fait partie intégrante du Jazz et de son histoire. On retrouve ce principe, que ce soit dans le thème du morceau ou dans l’improvisation. Voici un exemple : Roy Hargrove Quintet – Strasbourg St Denis

  • D’un autre côté ils utilisent le Shout qui est une technique de chant : phrase courte et cinglante. Shout signifiant cri, hurlement.
  • Finalement les Work songs sont transmis oralement, les paroles sont non fixes (ils laissent place à l’improvisation) et sont à caractère lancinant et répétitif. Nous avons ici l’origines des habitudes que les Jazzmen / Blues-men ont gardé au fil des années (call and response, improvisation, et bien d’autres).

 

 

Exemple de work songs :

 

 

o brother film work songs histoire du jazz

 

 

Negro Spirituals & Gospel | Histoire du Jazz

 

Le Negro Spiritual est une musique vocale et sacrée nait aux alentours du XVIIIe siècle dans les plantations de cotons aux Etats-Unis. Le Negro Spiritual symbolise la voix et l’histoire d’un peuple opprimé dont la musique était le seul exutoire. En effet, christianisés dès leur introduction aux États-Unis, les esclaves noirs ont pu parler de leur sort, de leurs conditions de vie, ainsi que de leurs espérances au moyen des chants religieux. Pour cela ils ont adapté les hymnes et chorales chrétiens, seule musique autorisée par leurs maîtres. Les Spirituals ont été transmis oralement d’une personne à l’autre.

 

 

Bénéfice des Negro Spirituals

 

Les Negro Spirituals ont permis de créer des liens communautaires forts et immatériels entre les esclaves noirs : prières, spiritualité. En effet, les esclaves noirs voyaient dans la prière l’espoir de sortir de l’enfer dans lequel ils étaient plongés. Les Negro Spirituals ont également été utilisés pour communiquer les uns avec les autres à l’insu de leurs maîtres. C’était notamment le cas lorsqu’un esclave avait l’intention d’échapper à la servitude et de chercher la liberté par l’intermédiaire du chemin de fer clandestin.

 

 

Forme des Negro Spirituals

 

A priori les textes des Negro Spirituals sont essentiellement inspirés de la Sainte Bible. De la Genèse à l’Apocalypse, avec les fidèles de Dieu comme personnages principaux. Ils connaissaient Adam et Eve dans le jardin, Moïse et la mer Rouge. Ils pourraient vous parler de Marie, Jésus, Dieu et du Diable. Si les esclaves ne pouvaient pas lire la Bible, ils mémorisaient les histoires bibliques qu’ils entendaient et les traduisaient en chansons. Ils s’appuyaient en grande partie sur l’ancien Testament et notamment le livre de l’Exode qui raconte l’émancipation du peuple Hébreu d’Égypte sous la conduite de Moise (Moshe ben Amram םרםע השם). Référence biblique portant l’espoir des esclaves afro américains espérant se libérer eux aussi des jougs de leurs maîtres.

 

Ensuite, dans les Negros Spirituals il y a trois catégories de base :

 

  • Premièrement – Le chef de chant énonce une phrase que répond ensuite l’assemblé. C’est le principe de « Call and Response » expliqué plus haut et bien connu dans le Blues !

 

  • Dans un second temps – Lent et mélodique : Chansons au phrasé soutenu et expressif, tempo généralement plus lent (Deep River, Balm in Gilead)

 

 

| Petite parenthèse : Sandra Graham dans son ouvrage « Spirituals and the Birth of a Black entertainement Industry » suggère qu’il faudrait plus parler de « Spiritual » que de Negro Spiritual. Avec un bref extrait de son livre je vais vous donner un de ses arguments phares :

Il est très commun de dispenser de qualificatifs « noirs ou blancs » Une fausse histoire cherchant à distinguer blancs et noirs a depuis trop longtemps été propagé. |

 

Les Fisk Jubilee Singers

 

Ce sont les Fisk jubilee Singers qui popularise le Negro Spiritual donnant ensuite naissance au Gospel. Les Fisk Jubilee Singers sont un ensemble afro-américain a cappella entre autres composé d’étudiants de l’Université Fisk. Le premier groupe a été organisé en 1871 pour faire une tournée et collecter des fonds pour l’université.

 

En effet, après la guerre de sécession, un grand nombre d’universités voient le jour dans le Sud des Rats-Unis. Le désir d’émancipation par l’éducation est fort à ce moment-là ! Dans l’une d’entre elle, la Fisk University dans le Tennessee, se forme un groupe de chanteurs (majoritairement d’anciens esclaves). Ces derniers partent en tournée pour récolter des fonds pour l’université, sous la tutelle de George White (Le chef de cœurs). C’est George White qui leur propose d’intégrer du Spiritual dans leurs chants. Malgré la réticence des membres, ils finissent par accepter. Ainsi, ils arrangent le Spiritual pour le conformer à ce que le public à l’habitude d’entendre. Et ça marche ! Bref, de là naît le gospel !

 

 

Pour Conclure :

 

Voici une vidéo des Fisk Jubilee Singers chantant un des spirituals qu’ils ont popularisé : “Swing Low Sweet Chariot”

 

 

 

Enfin, voici une vidéo qui devrait vous introduire au Gospel et au Spiritual, bonne écoute !

 

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